Commémoration du 73ème anniversaire des événements du 11 juin 1944 à Saint-Julien du Verdon

Mis à jour le 16/06/2017
Lundi 12 juin 2017, Bernard GUERIN, préfet des Alpes-de-Haute-Provence, a présidé la cérémonie du 73ème anniversaire des événements du 11 juin 1944 à Saint-Julien du Verdon, en présence des autorités civiles, militaires et religieuses.

Les événements du 11 juin 1944 à Saint-Julien du Verdon

 En représailles de l’exécution du chef de la Gestapo de Digne-les-Bains et de dix soldats allemands au col de Toutes-Aures et à Saint-Julien-du-Verdon, le 6 juin 1944, jour du débarquement allié en Normandie, la Gestapo de Digne-les-Bains demanda à l’antenne de Nice de tuer autant de Résistants.

 Un convoi fut formé à la hâte, comprenant cinq lycéens de Nice, capturés par les militaires de Vichy et livrés aux Allemands. Ils avaient entre 16 et 18 ans. Huit autres internés à la prison de Nice s’ajoutèrent au convoi.

 Le 10 juin 1944, dans la soirée, la Gestapo emmena les treize résistants du quartier allemand de la prison de Nice et les poussa dans un fourgon cellulaire qui prit la route des Alpes. En cours de route, deux furent extraits du fourgon et abattus à Bar-sur-Loup, près de Grasse. Le convoi poursuivit sa route et arriva le 11 juin, vers 5 heures du matin, à Saint-Julien-du-Verdon. La Gestapo fit alors sortir les onze autres prisonniers et les exécuta froidement au bord de la route.

 En ce jour du 11 juin 1944, un acte de guerre mémorable par son atrocité a marqué le village de St-Julien-du-Verdon.

 

Après une allocution, le préfet, accompagné du Délégué militaire départemental et du Commandant du groupement de gendarmerie des Alpes de Haute-Provence, a déposé une gerbe au pied du Mémorial.

   

La cérémonie s’est poursuivie par l’appel des morts, suivi d’une minute de silence rompue par la Marseillaise.

Après l’interprétation du « Chant des partisans » par la fanfare des Sapeurs-pompiers de la Ville de Nice,  la cérémonie s’est achevée par le salut du préfet et de l’ensemble des autorités aux Porte-drapeaux.

Allocution de Bernard GUÉRIN :

 « Onze. 11 hommes, je devrais dire 11 jeunes hommes car plus de la moitié d’entre eux n’avait pas 25 ans. 11 hommes qui avaient décidé de se lever contre l’ignominie. 11 hommes qui ont opposé au masque de l’inhumanité dans ce qu’elle a de plus abjecte, le visage de la nature humaine dans ce qu’elle a de plus noble.

Nous sommes aujourd’hui recueillis pour saluer la mémoire de ces 11 résistants dont le plus jeune n’avait que 16 ans et n’était encore qu’un enfant. Ils ont été fauchés par une rafale de mitraillette dans le dos, par un acte de lâcheté sans nom.

Massacre odieux d’une armée en déroute, une armée d’assassins qui par son bras le plus ignoble, la Gestapo, a supprimé 11 enfants de la France. Ce n’était pas un acte de guerre mais un acte de vengeance, barbare car inutile.

Dans une France où nous devons aussi nous rappeler que certains avaient choisi de collaborer par l’intermédiaire du régime de Vichy, ces résistants avaient choisi de se lever, de s’opposer à la soumission, à l’asservissement.

Nous sommes ici pour rappeler la mémoire de ces héros qui pensaient ne faire que leur devoir quand en réalité ils le portaient à son degré le plus honorable.

C’est un honneur pour moi d’être parmi vous pour louer le courage de ces hommes qui avaient choisi le combat plutôt que la résignation, le devoir plutôt que la compromission.

C’est avec un grand respect et une plus grande humilité encore que je souhaite leur rendre hommage. Car si la résilience de la France est grande et qu’elle sait se relever des épreuves qu’elle traverse, il est indispensable de rappeler que nous le devons aux actes héroïques de ces hommes et de ces femmes qui ont donné leur vie pour que vive la République. Notre paix et notre liberté est le prix de leur sacrifice.

Le destin de ces femmes et ces hommes nous devons les faire entendre à la jeunesse de notre pays. Nous devons leur transmettre cette idée que les valeurs d’humanité sont au-dessus de toute autre valeur, que la grandeur d’un homme se mesure à sa capacité à s’abandonner à une cause plus grande que lui.

En ces temps troublés que nous vivons aujourd’hui, où à 73 ans d’intervalle, les crimes imprescriptibles du fanatisme politique ont laissé place aux meurtres abjects du fanatisme religieux, ce devoir de mémoire est encore plus impérieux.

Car s’il y a 73 ans, les hommes dont nous louons la mémoire aujourd’hui ont donné jusqu’à leur vie pour que la démocratie s’impose face à la barbarie, je n’oublie pas que celle-ci a prospéré sur le terreau de la division des Français. Nous devons lutter de toutes nos forces pour limiter ce risque car il existe toujours et l’Histoire nous a appris qu’elle peut mener aux pires extrémités.

Aussi, lorsque notre pays doute de lui-même, ceux, qui au péril de leur vie, façonnèrent la France qu’ils rêvaient pour leurs enfants  sont pour nous des exemples, qui éclairent nos actions. »